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Arrêter la dépigmentation

Depuis quelques temps elles pullulent sur le net, ces vidéos montrant des youtubeuses au teint visiblement éclaircit par des substances controversées. Fortes de leur centaines de milliers de vues, elles expliquent au moyen de tutoriels savamment élaborés comment s’éclaircir la peau en mélangeant ingrédients naturels et produits dépigmentant. Le décapage, sort ainsi au grand jour et se donne bonne conscience.

 

Ces stars des vidéos surfent désormais sur le marché du naturel, du bio. Elles se sont appropriées le vocable de professionnelles de la peau et vous refile sans remord la recette de leur mixture de charlatan. On les suivrait facilement sans autre procès. Leur teint est “impeccable”, presque  pâle, uniforme et lisse, elles ont compris qu’elles doivent avant tout vendre leur image. On est bien loin des femmes décapées aux phalanges marquées et cercles noirs sous les yeux.

Au delà de leur apparence parfaitement soignée, elles défendent désormais le karité. “il ne noircit pas si on sait l’utiliser”(…). Il  contient de la vitamine, A, E etc…”. Elles connaissent sur le bout des doigts les propriétés des ingrédients naturels qu’elles emploient et arrivent à banaliser, pire déculpabiliser totalement la pratique du blanchiment de la peau.  Mais là ou il faut reconnaître leur génie (ou vice), et là ou elles sont particulièrement dangereuses, c’est lorsqu’elles voudraient faire croire que le fait de mélanger le karité ou une quelconque huile végétale avec des produits éclaircissant, rendrait le tout plus efficace et inoffensif.

Pour le premier argument c’est peut être vrai, peut être que la peau d’une personne qui utiliserait à la fois produit décapant et huile végétale serait plus lisse. Pour autant il est faux de croire que concevoir de telles mixtures les rends moins nocives. D’une part il faut bien penser que quoiqu’il arrive ces cosmétiques pénètrent dans l’épiderme avec tous les conséquences qu’on y connaît. D’autre part, une telle pratique est destinée à être répétée tous les jours. C’est un peu comme si on argumentait que le mélange jus de fruits bio et alcool dans le cadre d’une consommation quotidienne supprimait toutes les conséquences sur la santé.  Le goût est certes meilleur mais les risques de cirrhose restent les mêmes !

Il y a là un véritable malaise,  comme si on prêchait pour deux chapelles : d’un côté on loue les produits naturels issus de la pharmacopée africaine et de l’autre on exhorte des femmes à se décaper la peau avec des produits controversés au nom bien évocateur de quelque chose WHITE. Ce qui est d’autant plus gênant c’est qu’elles ne semblent pas voir que le phénomène de blanchiment de la peau dépasse le simple aspect esthétique et remet en cause l’estime de soi, la définition de la beauté noire.

Il s’agit d’un sujet de santé publique dont on ne saisit pas encore l’ampleur et sur lequel on ne pourra pas passer un peu de pommade pour réparer les dégâts tant esthétiques que psychologiques. Il n’existe pas de slow bleaching comme il existerait de slow cosmetics. Un décapage est un décapage, ne vous laissez pas séduire par les bonimenteurs en tous genre, car même si pour l’instant elles paraissent radieuses, à quoi pensez-vous qu’elles ressembleront dans 10, 20 ou 30 ans après autant d’années de dépigmentation ? Réfléchissez-y….

Merci à Mariza qui a inspiré cet article.

Sika K.

Je mets ma plume acerbe au service des analyses sociologiques en rapport avec le domaine de la cosmétique dans le blog.

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