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Le 10 mai. Une date qui semble bien virtuelle aux yeux de nombre de nos concitoyens, et plus honteusement à nos yeux, nous descendants d’esclaves. Cette date résonne comme un test que nous ratons un peu plus chaque année tant nous brillons au mieux par nos petits comités éparpillés, et au pire par notre absence. Cette date, qu’on nous présente comme ayant été généreusement donnée, alors qu’elle nous est due, passe inaperçue. Comme jetée aux oubliettes…  A tous ceux qui pensent encore que le but de l’esclavage était seulement de nous utiliser comme bête de somme, je dis qu’il s’agissait plus vicieusement de nous détruire, de nous ôter toute envie de nous soulever, de nous unir, de nous rassembler, de nous recueillir et je dis à la vue de ce piteux 10 mai, qu’ils ont réussi.

C’est le serpent qui se mord la queue : les autorités estiment que l’élan doit venir de la base, tandis que la communauté attend des autorités qu’elle fasse de cette officielle, à l’instar des autres mémoires, une date qui engage chacun. A vrai dire, personne n’a tort, mais personne n’a raison. Comme pour tout autre événement qui ne se définit pas comme étant hautement de la pure distraction, la communauté peine à se rassembler. Pourtant ces dernières années, un vent de changement semblait souffler sur Lyon, certainement emmené par un renouveau et un rajeunissement des participants et des intervenants ; preuve qu’une fois n’est pas coutume. Mais la réalité est que l’absence de communication en amont des manifestions du 10 mai plombe sa popularité.

Et là encore les media généralistes sont autant responsables, que les médias communautaires. Là encore, les associations véritables ponts entre les valeurs républicaines et la sphère afro sont responsables. C’est sans compter sur les professeurs qui, sciemment ou non font en sorte que ce jour soit totalement ignoré de la plupart des élèves. Alors que la traite négrière est censée être enseignée, j’apprends que certains jeunes affirment n’avoir même pas une demi-page à ce sujet. Encore qu’il soit laissé à la libre appréciation de l’enseignant de s’attarder sur ces passages ou non. Et la responsabilité des parents, de ceux qui savent mais ne disent mot ? Et celle des étudiants afro, avec lesquels on sera un peu plus indulgents étant donné que les examen en général ont lieu en mai, mais tout de même !

L’autre danger ce sont ces manifestations éparpillées un peu partout dans le Grand Lyon, sans aucune coordination ni unité. Tel bloc aura sa marche, tel bloc organisera des débats, tel autre chantera et dansera au son du Gwo Ka, tel autre fera une projection de films et ainsi de suite. Rien qui ne montre une cohésion. Rien qui ne confirme la présence et encore moins la puissance d’une communauté noire. L’éternelle division Caraïbe/Afrique resurgit en ce jour ou nous devrions nous parler, quitte à nous confronter. Tout le monde voit midi à sa porte. Et moi je vois, ce 10 mai dont la force semble s’estomper un peu plus année après année, comme à bout de souffle, alors que les thèmes à aborder sont pléthores, et les plaies béantes à soigner encore douloureuses.

Je les vois déjà se frotter les mains et se dire en riant (de nous), ils ont voulu une date commémorative, et voilà ce qu’ils en font ! Non pas que j’accorde de l’importance à ce qu’ils peuvent bien penser, mais ce jour, tout comme l’abolition de l’esclavage je le répète, on ne nous a pas donné, nous les avons arrachés. Alors on se doit bien d’en faire un jour unique AVEC ou SANS officiels. Je m’arrêterai là car je me doute bien que ce papier, comme le 10 mai, tombera dans les oubliettes…

Sika K.

Je mets ma plume acerbe au service des analyses sociologiques en rapport avec le domaine de la cosmétique dans le blog.

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